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Convergence technologique ou reconvergence humaine face à la crise ?

Contribution d'un membre du groupe

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Mon métier me branche directement avec la somme des réalités économiques de ma Région et il me semble que notre regard porté au loin peut aussi prendre en compte l’herbe à nos pieds.

 Depuis mon activité économique j’observe que la crise financière a augmenté des contrastes entre différents secteurs selon leur corrélation avec la production industrielle et les exportations :

  • L’automobile a souffert du double impact surcapacité et perte de sécurité financière des ménages,
  • l’agroalimentaire n’a rien senti du tout et même plutôt vu des consommateurs améliorer un peu leur ordinaire comme pour oublier la crise avec une bonne assiette.
  • Le secteur de l’immobilier s’est divisé en catégories entre les projets fragiles ou risqués qui sont reportés et les bons projets qui s’étoffent de solution écologiques-économiques. C’est l’envolé du photovoltaïque, des pompes à chaleur et des maisons bois, et même maintenant des habitats collectifs bois. Résultat nos forêts comtoises semblent manquer d’arbres pour construire et chauffer tout ce qui est envisagé.
  • Dans les microtechniques la crise industrielle qui sourd depuis 10 ans suite à l’ouverture des frontières des pays de l’Est a des allures de banquise soumise à la fonte par plaques. Les industriels sautent de marchés historiques en marchés plus sophistiqués et délicats pour conserver des marges et de l’activité : le nucléaire, le biomédical, l’aéronautique, la défense deviennent les secteurs « classiques ». Les entreprises doivent très vite se doter de salles blanches, normes qualités, formations high-tech pour se présenter sur ces marchés. Pas loin d’ici la Suisse sur son solide vaisseau horloger a vu passer les vagues en ne bradant même plus ses stocks : c’est une première mondiale parce que l’informatique permet aujourd’hui de gérer un stock mondial de produits au détaillant et au produit près. Un concept à peine réalisable il y a 10 ans.
  • Dans les services c’est l’hécatombe et surtout pas en fonction des qualités des prestataires : c’est la nature indispensable qui trie les choix de dépenses. J’ai besoin de mon téléphone, de l’entretien de ma voiture mais je peux me passer de ce salon économique, de cette publicité, de cette démarche innovante.

 

En un an la crise a montré à notre agence que tout n’est pas si lié au niveau régional. L’économie locale est la somme d’économies très différentes branchées sur d’autres endroits sur la planète. L’horlogerie dépend de Dubaï, Los Angeles et de la Chine du sud et parfois des russes, la construction bois va peut-être suivre le boom des quartiers écolos demandés par les grandes villes (Paris, Lyon, Marseille et d’autres), l’automobile se bat entre les japonais et les américains pour les autos électriques mais avec les tchèques, les hongrois et les roumains pour les petites automobiles, les services innovants en sécurité informatique sont en concurrence avec la cote est des USA, etc…

 A chaque fois désormais mes interlocuteurs n’ont pas les relations de leur voisin de palier et même ils apprennent à les ignorer tant ces mondes se séparent.

L’informatique qui annihile les distances, met une fine granulométrie dans chaque activité a amplifié tous les liens efficaces mais elle a aussi créé une forme d’éloignement et d’isolement technique. Il me semble que mes entreprises me parlent de ces isolements, du besoin de ressouder du distendu, de trouver une connection à la terre régional : les pieds nus dans l’herbe verte.

Le multimédia va encore être plus fin, englober davantage de données sans gêne et les spécialistes vont être comblés. Mais la quête d’un sens global, d’une raison d’exister, d’agir pour un bien être commun semble perturber mes interlocuteurs. Ils se sentent entendus un peu, pas écouté du tout. Même les élus aux prises avec des sujets de plus en plus « mozaïqués » nous retournent leurs interrogations et le sentiment de manquer de bras pour tout. Un exemple : il y a 15 ans un bâtiment c’était un budget, un terrain, une surface et une esthétique globale. Aujourd’hui on peut lui ajouter sa rentabilité économique, son budget de recyclabilité, ses compatibilités aux normes environnementales, chimiques, allergiques, son bilan énergétique, l’origine géographique même ethnique de ses matériaux.

Avec l’informatique là ou je transportait 2kg en quatre briques dans ma brouette il y a 15 ans, je fais désormais circuler ce poids sur des dos de fourmis plus ou moins réunies en lots spécifiques…

 

Alors je me demande si l’un des enjeux de l’avenir de Numérica ce n’est pas ce sentiment que même si la tache est ardue, c’est la reconvergence humaine qui se profile derrière tant de pistes. L’enjeu de sauver la nature, celui de faire face à la progression démographique, celui de l’allongement inédit de la durée de vie, celui d’un nouvel objectif différent de la simple croissance économique : ces enjeux majeurs ont du mal à se connecter à notre monde. Les usages informatiques actuels me font l’effet de tentatives brouillonnes, dispersées comme si la suite se préparait depuis les IP informatiques de chacun, comme si le web cherchait son but. L’informatique pour le social, le médical, l’humanitaire serait-elle par exemple une piste ?

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Version imprimable | Contributions | Le Vendredi 07/05/2010 | 0 commentaires



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