Mots clés : fractures
On parle beaucoup de la " fracture numérique ". mais le numérique est plutôt un révélateur des différentes fractures de la société. Suivant le cas, il peut les renforcer ou au contraire les atténuer. Parmi les différentes factures on peut citer : la fracture générationnelle (par exemple avec les personnes agées), la fracture économique, la fracture territoriale ou encore les différentes fractures cognitives (sur nos façons de penser).
La fracture territoriale s'illustre par exemple entre l'urbain et le rural. Le Jura par exemple représente 260 000 personnes, soit autant que Dijon et sa banlieue. Ainsi, lorsque l'on offre du service par exemple, aller à la frontière de son territoire peut représenter 1h30. Cela peut avoir un impact sur le prix d'un service qui demande à se déplacer. Il ne peut pas est maintenu aussi bas dans ce cas qu'en milieu urbain. Par ailleurs, il existe également un fracture économique entre la moyenne des personnes qui habitent en milieu rural et ceux qui habitent en milieu urbain. Cela ne veut pas dire que le rural est systématiquement défavorisé par rapport à l'urbain (il existe également des avantages), mais clairement, les questions et les approches ne sont pas les mêmes. C'est la notion de " territorialisation " qu'a expliqué Emmanuel Faivre : des réponses publiques " sur mesure " en fonction des territoires. On peut territorialiser par le haut (centralisé au niveau de l'état par exemple), par le bas (par les collectivités locales ou les acteurs de terrain) ou bien choisir de ne pas territorialiser (par exemple, l'éducation doit être la même sur tout le territoire). La territorialisation n'est pas que publique, le monde économique y est également confronté. Mais dans ce cas, elle se fait souvent " par le haut ", ainsi, les décisions pour le Jura par exemple se prennent ailleurs, dans les grandes sociétés à Dijon ou Besançon.
Une discussion a également eu lieu sur la notion de territoire. Celui-ci ne regroupe pas forcément les frontières administratives. Ainsi, il est apparu que les personnes du groupe qui travaillent aujourd'hui en Franche Comté mais n'en sont pas natives, viennent de l'Est, comme si une " frontière invisible " divisait la France non pas simplement en Nord/Sud comme on le dit souvent mais également en Est/Ouest.
Un type de fracture souvent mal pris en compte est la fracture cognitive, c'est à dire la différence d'approches pour aborder la connaissance. Comment gère-t-on par exemple l'information parcellaire ? Comment arriver à suivre le rythme avec lequel les innovations arrivent sur le marché (par exemple les nouveaux matériaux pour un architecte) ? La question peut être posée sous l'angle de l'acquisition de compétences pour " faire progresser l'humain ". Mais, tout comme nous avons vu que l'amélioration apportée par les machines pouvait cacher également une perte par rapport à ce que faisait l'humain sans les machines ; qu'est-ce que nous perdons lorsque nous adaptons au rythmes d'un société basée sur l'innovation la multiplication des échanges ? Il ne s'agit pas de renier l'apport de l'innovation et du numérique, mais de comprendre notre adaptation à ces changements non pas de façon simpliste en mieux ou moins bien mais en différences...
Un exemple illustrant ces différences a été donné avec le réseau social Facebook.
- Au niveau générationnel, les parents qui s'y mettent vont ainsi pouvoir suivre les photos de vacances de la famille. Mais dans ce cas il faudrait deux comptes pour ne pas mélanger informations privées et informations professionnelles.
- Au niveau territorial, les réseaux sociaux ont permis à des personnes plus isolées en milieu rural d'obtenir des contacts avec des personnes qu'elles n'auraient jamais rencontrées
- Au niveau cognitif, Facebook par exemple, permet de gagner du temps pour obtenir des informations plus rapidement une fois passé l'investissement nécessaire pour se l'approprier. Mais il existe plusieurs autres outils tels Twitter et d'autres. L'investissement pour atteindre une appropriation étant important il est difficile de multiplier les outils utilisés. Ainsi certains sont sur Facebook tandis que d'autres sont sur Twitter ou encore... uniquement sur les réseaux humains classiques... Un des aspects clés est de ne pas être seul. Pour le monde virtuel Second Life par exemple l'interface est complexe et elle est difficile à appréhender seul. Le choix des outils se fait donc souvent en fonction des contacts et des communautés que l'on connaît. C'est un des points soulignés par le sociologue Yves Lafargue : les fractures ne se limitent pas aux " sans accès " (fracture territoriale, économique...) mais doit prendre en compte également les " illetrés du net " : ceux qui n'ont pas la connaissance suffisante, mais également ceux qui sont trop isolés. Il ne s'agit pas seulement d'une facture globale (je ne connais personne qui peut me m'aider pour aller sur internet) mais aussi d'une fracture qui sépare les utilisateurs de différents outils (je connais des personnes qui peuvent me montrer facebook mais pas twitter... ).
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